Les météorologistes inquiets

yvesh Par Le 23/03/2012 2

Dans Sciences

Les météorologistes inquiets

secheresse-piaui.jpgMare en train de s'assécher

Ce n'est pas parce que la période s'appelle "éléctorale" que le monde ne continue pas de tourner, de moins en moins bien de toute évidence, mais il tourne encore. Et ceux qui n'ont pas quitté des yeux des évènements et faits autrement plus importants commencent à rappeler ces dernières réalités. Le nucléaire et l'écologie ont été plus ou moins placés en second plan par rapport aux problèmes financiers (générés par un système non remis en cause par aucun candidat pratiquement !). Par exemple les météorologistes, depuis quelques semaines donnent des résultats sur l'anomalie de températures liés aux anti-cyclones alizéens trop hauts depuis plus d'un an, sur l'Atlantique. Mais en cette période, il est à croire qu'il ne faut pas "en rajouter" et donner trop de mauvaises nouvelles... même si elles existent... ajoutez ça à "l'Epoque 2012" (on va sûrement en parler dans les livres du futurs, de cette période "maya"...), les médias sont de plus en plus frileux ont dirait (alors que les températures montent !)...

Voilà par exemple ce qu'on peut lire sur plusieurs sites ou forums traitant de météorologie ou d'observations atmosphériques, les sources en fin d'article :

" - Il faut bien se rendre compte que la situation actuelle est très particulière car les températures sont habituellement beaucoup plus basses en cette saison, l’Amérique du Nord vit également une vague de chaleur absolument sans précédent et cela fait plus d’un an que nous connaissons un temps particulièrement chaud et sec. L’addition de tout cela commence à faire beaucoup…

- En France, les prochains jours verront une confirmation et même une accentuation du phénomène. D’une part, le temps ensoleillé et très doux gagnera les régions du Sud et du Sud-ouest. D’autre part, la remontée des températures se poursuivra et l’on pourrait même parler de chaleur sur certaines régions à partir du début de la semaine prochaine ! Cette chaleur venue tout droit du Maroc et d’Algérie, touchera l’Espagne, le Portugal et le Sud-ouest de la France avec des températures proches de 25°C en France et de 30 à 35°C au Maghreb.

- Un changement de temps pourrait se produire au début du mois d’avril (toute fin de semaine prochaine) mais les différents scénarios restent assez contradictoires et selon le modèle Américain GFS, l’anticyclone resterait et la sécheresse s’accentuerait encore. " Jeudi 22/03/2012

entre 18 et 22-03-2012 :

La vague de chaleur historique qui touche tout l’Est du continent Nord Américain engendre une débâcle des rivières liée à la fonte des neiges au Québec. Une partie de la province est inondée. Les températures sont extraordinairement élevées puisque l’on bat souvent les records pour un mois de mars avec 31°C à Chicago, 28°C dans les provinces maritimes du Canada et 26°C à Montréal (record quotidien battu d’au moins 12°C !! et record mensuel également battu). Cet épisode est vraiment unique en son genre. "

La vague de chaleur et la sécheresse qui ont lieu aux USA engendrent des incendies dans le N-E du Colorado où 300 personnes sont évacuées – incendies dans la prairie dans le Dakota du Sud. "

Avec l’arrivée d’air plus frais et plus sec par l’ouest, des tornades se forment sur les plaines centrales des USA (notamment Nebraska,Texas et Ohio où les orages ont provoqué de gros dégâts).

Une tornade touche la ville de Townsville (Australie) "

" La sécheresse s’aggrave de jour en jour en Europe où la persistance de l’anticyclone devient problématique.

*Alors que l’extrême sud et nord du Chili endurent une période de précipitations intenses, les habitants de la zone centrale chilienne subissent une sécheresse dévastatrice depuis plusieurs mois. "

" Vendredi 16 mars 2012, le pic de chaleur est atteint sur le Bassin Parisien avec 25,5°C à Auxerre, 25°C à Melun et St-Maur, 24,5°C au centre de Paris (St-Germain-des-Prés) et 23,5°C à Paris-Montsouris où le record du 16 mars 1961 est battu. "

L'anomalie déjà constatée en 2010 a perduré majoritairement toute l'année 2011 et est déjà revenue pour 2012 :

anomal10.jpg

La NOAA (météo américaine) montre des anomalies (écarts aux normales) très puissantes. Celles-ci sont un bilan des 7 derniers jours. Les verts/jaunes (notamment sur Europe occidentale, mais il y a bien plus fort ailleurs) indiquent des excès de pression, les bleus des déficits (de part et d'autre de l'Amérique, par exemple). Noyaux des unes et des autres très accusés actuellement : logique (principe des vases communicants  trop d'un côté provoque un déficit de même niveau à proximité). 
JJ Thillet, le 28 septembre 2011.
Sécheresse : Bilan de la situation au 15 mars 2012 :
Depuis le début de l’année 2012, des conditions anticycloniques ont prédominé sur une grande partie de l’Europe et notamment sur la France, protégeant  le pays du passage des perturbations et conséquemment des précipitations. Ces conditions font suite à un automne déjà remarquablement sec sur toute la France à l’exception des régions méditerranéennes.
De ce fait, les quantités d’eau recueillies durant la période de recharge des nappes souterraines sontnettement déficitaires sur l’ensemble du territoire avec des conséquences sur le remplissage des réservoirs. L’absence de pluie au cours des dernières semaines a par ailleurs entraîné un assèchement précoce des sols superficiels sur certaines régions, notamment dans le sud de la France.
Conditions générales durant la période de recharge :
Les précipitations recueillies entre septembre 2011 et mi-mars 2012, période propice à la recharge des nappes souterraines, ont été déficitaires sur tout la quasi totalité du territoire. Les déficits sont très marqués sur l’Ouest et le Sud-Ouest atteignant 30 % sur la Basse-Normandie, la Bretagne, les Paysde-la-Loire, Poitou-Charentes, l’Aquitaine et jusqu’à 50 % sur Midi-Pyrénées. A l’échelle de la France, la période de recharge est déficitaire de près de 20 % : le déficit atteint est sensiblement plus sévère qu’en 2011 et proche de celui de 2005. Ces faibles  précipitations n’ont donc pas favorisé le remplissage des nappes souterraines. Selon le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), 80 % des réservoirs affichaient au 1er mars 2012 un niveau inférieur à la normale.
Conditions durant l’automne (septembre-octobre-novembre) :
Les pluies de l’automne ont été très contrastées. Elles ont été nettement excédentaires sur les zones méditerranéennes, mais très largement déficitaires partout ailleurs. Dans l’Ouest, le Sud-Ouest et le Nord-Est, les déficits de précipitations ont été souvent supérieurs à 50 %, parfois même à 60 %.
Avec un déficit global à l’échelle du pays supérieur à 40 %, septembre 2011 s’inscrit parmi les mois de septembre très secs, sans être pour autant exceptionnel. Seules la Haute-Normandie, la Picardie et certaines zones proches des Pyrénées ont connu des précipitations supérieures à la normale.
A l’instar du mois précédent, octobre 2011 a été particulièrement sec avec un déficit global à l’échelle du pays de l’ordre de 45 %. Seule, une partie du Languedoc-Roussillon a été copieusement arrosée.
Les précipitations ont été très contrastées en novembre 2011. Elles ont été abondantes sur les Pyrénées et plus encore sur les régions méditerranéennes où les cumuls de pluie ont été souvent trois à quatre fois supérieurs à la normale. Les records pour un mois de novembre y ont d’ailleurs étébattus pour de nombreuses communes. A l’inverse, les précipitations ont été extrêmement faibles sur le reste du pays, notamment dans le Nord-Est où les déficits ont été souvent  supérieurs à 70 %.
Conditions durant l’hiver (décembre-janvier-février) :
Après un mois de décembre abondamment arrosé à l’exception notable des régions méditerranéennes, les précipitations de janvier n’ont concerné que le Nord-Est et le nord des Alpes, précédant un mois de février remarquablement sec. Sur l’ensemble de l’hiver, le bilan pluviométrique est extrêmement déficitaire sur les régions méditerranéennes avec des cumuls de pluie souvent inférieurs à 20 % de la normale : cet hiver s’y classe parmi les plus secs depuis 1959. En décembre 2011, les précipitations ont été abondantes sur la majeure partie du territoire avec des cumuls de pluie souvent une fois et demie à deux fois supérieurs à la normale. Moyennée sur l’ensemble du pays, la quantité d’eau recueillie en décembre représente un peu plus de 150% de la normale. Toutefois, les régions méditerranéennes se distinguent sensiblement avec des cumuls de précipitations très faibles, le plus souvent inférieurs à 10% de la normale.
Le mois de janvier 2012 a été marqué par une pluviométrie contrastée. Très déficitaires sur les régions méditerranéennes ainsi que sur une large moitié ouest du pays, les pluies ont été légèrement supérieures à la normale dans le Nord-Est ainsi que sur le nord des Alpes. Avec l’arrivée du froid, les précipitations neigeuses ont été fréquentes en fin de mois sur une grande partie du pays.
Avec la prédominance de conditions anticycloniques, février 2012 a été extrêmement sec. Sur la moitié sud du pays, les cumuls de précipitations représentent généralement moins de 20 % de la normale et ne sont qu’à peine plus élevés sur la moitié nord.
Conditions depuis le début du mois de mars 2012 : Les précipitations ont été rares durant la première quinzaine de mars, seul l’extrême nord ayant connudes pluies conséquentes. Humidité des sols superficiels à la mi-mars. Les sols superficiels sont encore bien humides sur de nombreuses régions, notamment dans le nord de la France et sur les massifs montagneux, mais sont déjà relativement secs en Midi-Pyrénées, sur le Languedoc-Roussillon et la Provence. Toutefois,  l’absence de pluie depuis plusieurs semaines a contribué à un assèchement précoce des sols sur l’ensemble du territoire. A l’exception de l’extrême Nord, la plupart des régions présentent un état d’humidité des sols proche de celui d’un mois d’avril, voire parfois même d’un mois de mai sur le sud du pays. 

 

activité solaire

0212 ssn

Notre cycle actuel (24) avec le 23 (en rouge), superposé aux cycles 22+23 (en jaune) , arrêté à fin février 2012 (avant les éruptions de mars 2012 donc)

L'activité du soleil a connu depuis deux ans une baisse de régime atypique. Que se passe-il ? Alors  que le soleil aurait du entrer dans son cycle 24, il tarde, les tâches solaires apparaissent puis se dissipent, les vents solaires sont au plus bas et son spectre lumineux est très atypique. Ces évolutions ne sont ni dramatiques ni anormales. Ces cycles de 11 ans en moyenne sont sujets à variation. L'activité solaire, tâches, intensité lumineuse et magnétisme, varie selon des modalités que la science peine encore à décrire et plus encore à modéliser. 

Les polémiques sur le climat ont conduit les experts à comparer ces variations avec les phénomènes climatiques. Or, la posture actuelle rappelle les périodes froides, froides relativement aux moyennes de notre millénaire. Ainsi, ce calme et ses enchaînements ressemblent beaucoup aux postures qu'a connues le soleil lors des années les plus froides du petit âge glaciaire, notamment entre 1645 et 1715. Lorsque les glaciers envahirent à nouveau les vallées d'Europe, lorsque les affluents de la Seine gelaient pendant trois mois à Paris, provoquant des millions de morts et des famines comme au sortir du moyen-âge au 14ème siècle. Ces minimas sont bien connus : minimum de Maunder et minimum de Dalton qui provoqua la famine et... la Révolution française !

Le débat fait rage pour savoir si ce ralentissement ne concerne que le démarrage du 24ème cycle du soleil, auquel cas une conséquence peut effectivement être d'augmenter les anomalies saisonnières. Ou s'il se prolongera au-delà du 24ème cycle amorçant un refroidissement de nature à infléchir le réchauffement. Dans ce cas, les simulations par les modèles de l'IPCC montreraient que l'impact du CO2 sur le climat serait tout juste compensé. Cela stabiliserait les températures avec des épisodes extrêmes plus nombreux. Cela ne réglerait évidemment pas le problème de l'assèchement climatique source de très nombreux désordres régionaux avec les déforestations massives et les pertes de biosphère.

Certains experts estiment même que cet affaiblissement pourrait contribuer au réchauffement dans une seconde phase.  En effet, même si la puissance lumineuse totale émise par le Soleil diminue pendant la phase descendante du cycle, la quantité de lumière visible, celle qui chauffe la basse atmosphère, serait, elle, en augmentation. L'hypothèse est donc qu'en 2100, la température serait de plusieurs degrés supérieures à ce qu'elles étaient lors du petit âge glaciaire, même avec un soleil durablement faiblissant.

Mike Lockwood, de l'Université de Reading (Royaume Uni) a compilé données météo et tâches solaires sur les quatre derniers siècles. La corrélation entre ces phénomènes et la rigueur des hivers apparaît nettement. La compréhension du phénomène est ardemment recherchée : il serait lié à la trajectoire des courants d'altitude  qui empêcheraient les masses d'air chaud d'atteindre l'Europe et le continent nord américain. Si cette analyse était exacte, le refroidissement européen ne remettrait pas vraiment en cause le réchauffement climatique global.

Il demeure que ces phénomènes exceptionnels risquent de ne plus apparaître comme tels d'ici quelques années si ces évolutions se trouvaient confirmées.

Dans cette hypothèse, de nombreux spécialistes estiment que cette accalmie solaire soulagerait de nombreuses infrastructures critiques menacées par les orages magnétiques : satellites de communication, transformateurs, etc. En 1859, l'événement dit Carrington baptisa le grand orage magnétique jamais observé. Il eut lieu lors d'un cycle solaire faible. A l'époque, la totalité du système téléphonique mondial avait flanché.

Source : Met Office, Geophysical Researchhttp://www.glaciers-climat.fr/meteo/environnement-climatique.htm

precipitations-sur-6-h-22-03-2012.gif22-03-2012 : pluie sur 6h : l'hémisphère sud entre dans l'autome et est déjà saturé de pluies et humidité. Enorme zone sèche ou chaude qui s'étend des amériques aux Indes depuis plusieurs jours, avec des remontées sur l'europe de l'ouest et l'est des USA jusqu'au Quebec. Une forte dépression s'approche à l'ouest de la France pour début avril mais les modèles américains prévoient une bonne résistance de l'énorme anticyclone (qui a de quoi se renforcer en plus à priori)... 

Quoiqu'il en soit, le nombre et les effets de ces anomalies sont en évidente augmentation : la NASA a conseillé a tous ses employés et familles de faire des stocks de 3 mois de nourritures et autres produits de 1ere nécessité, juste au cas où de évènements majeurs (probables) se produisaient, la FED a fait de même officiellement. Les européens considèrent peut-être les américains comme des paranos, ou plutôt, comme l'Etat russe, ils considèrent que c'est peut-être un bon moyen de se débarasser des plus vieux, plus fragiles ou plus pauvres (donc des plus coûteux) ? Un programme d'information et d'incitation à la constitution de stocks en vivres et produits de soins (conservables sans énergie) et de produits importants devrait être exister aussi en Europe, particulièrement en direction des personnes âgées ou en précarité. Les nombreux décès en europe dûs à une vague de froid, certes soudaine mais pas exceptionnelle en soit, sont une anomalie pour des systèmes qui se disent démocratiques et intégrés à un système européen. Je pense à la Pologne et aux pays de l'Est notamment, où beaucoup de décès sont dûs à des conditions de chauffage matériels impropres à la dignité d'Etats dignes de ce nom : c'est la preuve ultime que l'argent ne va pas là où il doit aller en priorité : la sauvegarde et l'amélioration des conditions de vie des propres citoyens de ces pays...

Les décès dûs à la sécheresse et vagues de chaleurs seraient déjà moindre si l'information était permanente sur les mesures individuelles et familiales à prendre, et si des kits complets de 1ère nécessité (kits de survie de quelques semaines) étaient facilement trouvables partout en Europe. Attention, je n'incite pas à un nouveau marché commercial en Europe (qui existe aux USA) car, dans la mesure où je considère que c'est responsabilité d'un Etat de prendre soin de ses propres citoyen qui le composent, ce genre de kit devrait être gratuit (et oui, recherchés, fabriqués et distribués par l'Etat, sans intermédiaires, comme tous les produits de santé d'ailleurs)... mais il ne faut pas rêver, les Etats inféodés au capital et à la mafia liée n'ont pas cette priorité mais seulement celle de l'argent : les dirigeants de ces Etats sont des gestionnaires de budgets et c'est leur seule priorité : la vie humaine des citoyens n'a pas vraiment d'importance en final... tout est censé être réglé par l'argent...

Yves Herbo 03-2012

politique argent économie environnement climat météo

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Commentaires

  • Maxine

    1 Maxine Le 23/03/2012

    Bonjour, une forte dépression s'annonce à l'ouest de la France début avril? j'ignorais mais je n'en serais pas surprise. Je ne fais pas partie de ces personnes réjouies par l'arrivée du printemps et de ses très douces températures, anormales pour moi. Je ne considère pas non plus les américains comme parano, qu'attendons-nous effectivement en France pour voir la réalité en face? Je pense également qu'un retour à une ère glaciaire n'a rien d'impossible...Le climat est une des choses qui m'inquiète le plus . Merci pour cet article Yves, partagé!
    yvesh

    yvesh Le 24/03/2012

    Pour l'instant, vu la puissance de l'anticyclone, même cette dépression peut être déviée (comme beaucoup d'autres), par le nord (ce que prévoient les américains et non les européens). On verra bien suivant la lutte à venir ! : accentuation de la sécheresse et de la douceur si l'anticyclone gagne ou orages et rafraichissement si c'est l'inverse :) classique en fait mais beaucoup d'agriculteurs aimeraient voir la grosse masse de pluie qui tourne sur l'Atlantique passer par chez eux plutôt qu'au large de l'Islande... comme la majorité des dépressions depuis un moment ! Merci Maxine

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