Cuneiform sippar map tablet mini

Babylone : une carte du monde du 6éme siècle avant JC

yvesh Par Le 07/06/2016 0

Dans Archéologie

Babylone : une carte du monde du 6éme ou 9ème siècle avant JC

 

Cuneiform sippar map tablet mini

Les tablettes cunéiformes ont longtemps été utilisées pour la fabrication de cartes et de plans de villes, des zones rurales et des maisons, mais rarement pour quelque chose de plus grand ou sans intérêt commercial.

Mais il a été découvert entre 1878 et 1882 ( par Hormuzd Rassam), une tablette unique, supposée provenir de Sippar ou de Borsippa, dans l'Irak actuel et datant environ du VIe siècle av. J.-C. (sans datations formelles car certains textes peuvent remonter au 9ème siècle avant JC), et celle-ci montre beaucoup plus et reflète en quelque sorte la façon dont les Babyloniens anciens se voyaient dans le monde. Cette "mappa mundi" mésopotamienne se compose d'une carte circulaire entourée par des triangles, avec un texte explicatif au-dessus et sur la face opposée. La tablette est malheureusement très abîmée.

Cuneiform sippar map tablet2

(© The Trustees of the British Museum)

Sippar, Iraq. Late Babylonian. ca. sixth century B.C. Akkadian.

Le cercle central montre le royaume babylonien, traversée par l'Euphrate, qui est chevauché par la cité de Babylone elle-même. Plusieurs autres zones géographiques sont marquées par leur nom, et le continent est entouré par un anneau appelé l'«océan» ou «Rivière Amère». Très probablement la description des eaux salées océaniques donc...

Au-delà des eaux limitrophes se trouvent sept ou huit régions périphériques ou des îles représentées par des triangles, dont quelques parties de quatre d'entre elles nous sont parvenues. Le texte est largement consacré à ces endroits éloignés, peut-être mythologiques ou mal connus à cette époque.

Il y en a un qui est décrit comme un "endroit où le soleil ne se voit pas, « un autre comme un lieu où «un oiseau ailé ne peut pas sans risque accomplir son voyage." D'autres descriptions parlent de villes "en ruines" et de dieux, et d'animaux à la fois fantastiques (grand serpent de mer, homme-scorpion) et exotiques (lion, singe, caméléon)...

Babylonianworldmap2

1. "Montagne" (akkadien : šá-du-ú)

2. "Cité" (akkadien : uru)
3. Urartu (akkadien : ú-ra-áš-tu)
4. Assyrie (akkadien : kuraš+šurki)
5. Der (akkadien : dēr)
6. ?
7. Marécage (akkadien : ap-pa-ru)
8. Elam (akkadien : šuša)
9. Canal (akkadien : bit-qu)
10. Bit Yakin (akkadien : bῑt-ia-᾿-ki-nu)11. "Cité" (akkadien : uru)
12. Habban (akkadien : ha-ab-ban)
13. Babylone (akkadien : tin.tirki), coupée par l'Euphrate

14 à 17. Océan (eau salée, akkadien : idmar-ra-tum)

18 à 22. Objets mythologiques

En ce qui concerne l'orientation, elle est orientée vers le Nord-Est et est centrée approximativement sur la ville de Babylone. Cependant, il est possible que le vrai centre soit la ville de Nippur mais elle n'est pas indiquée. En effet, il s'agit d'une ville sacrée, lieu saint du dieu Enlil. Ce dernier, outre être le dieu du vent, est aussi le dieu du Cosmos, et c'est peut-être le cosmos qui est représenté sur cette carte. Enfin, traditionnellement, qui contrôlait Nippur, régnait sur la Babylonie...

Certaines analogies peuvent être faites pour le premier cité avec des lieux comme le Pole Nord ou le Pôle Sud (ou encore d'un lieu souterrain où effectivement, le soleil ne se voit pas !), l'autre, dangereux pour les oiseaux, pourrait être un endroit où règne souvent de forts vents : un tel endroit n'était pas très très éloigné de la Mésopotamie : Le Tibet avec son toit du monde, l'Everest, qui est à la hauteur des jet streams, les vents les plus puissants au monde.

Objet pierre jiroft

objet en pierre trouvé dans les tombes de Jiroft - homme-scorpions et utilisation inconnue de l'objet...

Des cités inconnues des babyloniens et déjà en ruines : on a découvert des civilisations et des villes plus anciennes effectivement que celles des sumériens (la civilisation de l'Indus en est le dernier exemple, car plus ancienne que Sumer, mais Sumer parlait aussi de Aratta, qui était déjà une cité ou région légendaire de son temps !). Quant au serpent de mer, je rappelle ici qu'il a été découvert un grand animal aquatique s'apparentant à un serpent de mer, aussi bien dans certaines rivières du Laos et de l'Asie du sud-est que proche de ses côtes... reste l'homme-scorpion... qui fait largement partie des mythes babyloniens et même d'avant Sumer, puisqu'on les retrouvent actuellement dans les fouilles de l'antique civilisation de Jiroft (la légendaire Aratta probablement, donc l'écriture mystérieuse aurait précédé celle de Sumer)... 

Vase jiroft chlorite homme scorpion

Vase en chlorite de l'antique Jiroft, avec un homme-scorpion

On les retrouve dans l'Epopée de Gilgamesh : ils gardent l'entrée des monts Jumeaux (entre lesquels le soleil se lève) et sont décrits si terrifiants et redoutables que leur vision provoque la mort... Les sentinelles le reconnaissent comme un des leurs et dirent, "celui qui est venu à nous, son corps est la chair des dieux." Ils remarquent qu’il est en partie divin, qu’il a des vestiges de peau du Serpent ! Un autre lien avec les textes des hébreux (qui ont dû entendre ces histoires lors de leur captivité en Assyrie !) : Les hommes-scorpions qui gardaient le Paradis Sumérien correspondent aux "Chérubins aux épées tournantes ardentes" qui furent placés à l’entrée Est du Jardin d’Éden pour protéger l’Arbre de l’Immortalité et pour prévenir Adam et Ève d’y accéder à nouveau. Mais dans l'épopée, l'un d'entre eux à une femme humaine avec laquelle il s'entretien avant de recevoir amicalement le héros. Ensuite Gilgamesh part à la recherche de la plante d'immortalité. Il pénètre dans un monde mystérieux où il a affaire à des hommes-scorpions, traverse le "bosquet des dieux" (devenu l'Eden biblique) et, parvenu au bout du monde, rencontre la divine Siduri... 

Des textes anciens évoquent l'accouplement des scorpions dans un rituel d'exorcisme lié aux formules magiques sumériennes. Gardiens des Enfers à Ishtar, il y a aussi des démons-scorpions et des satyres-scorpions dans les mythologies.

Quant aux animaux exotiques cités, nulle doute que les babyloniens connaissaient les régions où résidaient des lions, singes et caméléons d'Afrique, du Proche Orient et d'Asie...

Selon Wayne Horowitz, de l'Université hébraïque de Jérusalem, qui a analysé la tablette en 1988, cette tablette-carte "reflète un intérêt général pour des régions éloignées au cours de la première moitié du premier millénaire avant JC, lorsque les Empires assyriens et babyloniens ont atteint leurs plus grandes étendues". Une chose importante est à noter: d'après une inscription présente sur la tablette, le schéma présent serait une copie d'une autre tablette datant du ixe siècle avant JC. Qui plus est, le texte présent au recto est sans doute contemporain du schéma, ce qui n'est pas le cas du texte au verso. En effet, il n'y est fait aucune mention des lieux représentés sur la carte... Irving Finkel découvrit en 1995 un morceau manquant de la tablette. Bien que de taille réduite, ce dernier allait permettre de peaufiner l'analyse de la tablette...

Sources : http://www.britishmuseum.org/research/collection_online/collection_object_details.aspx?objectId=362000&partId=1&searchText=babylon+clay+tablet+map+of+the+world&page=1, Wikipedia

 

Yves Herbo, Sciences et Faits et Histoireshttp://herboyves.blogspot.com/, 07-06-2016

 

 

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