La Civilisation de l'Indus encore plus étendue que supposée
La Civilisation de l'Indus, ou encore Civilisation Harappéenne (Harappa étant leur plus grande ville découverte à ce jour), est l'une des 4 plus anciennes civilisations sophistiquées découvertes à ce jour, avec celles de la Mésopotamie (Sumer), de l'Egypte des pharaons et de la Chine impériale, mais c'est aussi la moins bien connue des quatre, puisque leur écriture n'a toujours pas été déchiffrée. Et une dernière découverte, au nord de l'Inde, accentue encore le mystère lié à cette très ancienne civilisation raffinée, car l'endroit en question augmente encore la superficie du territoire sur lequel ce peuple s'était établi et avait construit des cités ayant un caractère très moderne. C'est la première fois que des traces bien identifiées de cette société sont découvertes aussi à l'Est et cette superficie d'occupation de territoires de la civilisation Harappéenne la situe maintenant du Pakistan et nord-ouest de l'Inde au nord de l'Inde, car des artefacts de la civilisation de la Vallée de l'Indus ont été trouvés sur une surface de 930.000 km², presque aussi grande que l'Europe de l'Ouest entière.
Mais quelle est cette nouvelle découverte au juste ?
Excavation site from the late Indus Valley civilization period in a village called Chandayan, in the northern Indian state of Uttar Pradesh. (A.K. Pandey/Archaeological Survey of India)
C'est en labourant la terre pour l'extraction de l'argile que des ouvriers ont découvert un crane humain portant une couronne de cuivre très abîmée, dans le village de Chandayan, au nord de l'Inde, dans l'état d'Uttar Pradesh. L'Archaeological Survey of India (ASI) a été tenue au courant de cette découverte et s'est donc précipitée sur les lieux pour le sauvegarder et entreprendre des fouilles. Voilà ce qu'en dit le Dr Rakesh Tewari, directeur général de l'Archaeological Survey of India (ASI) : c'est seulement la deuxième couronne à être découverte ainsi sur un site de la Vallée de l'Indus, que ce soit en Inde ou au Pakistan car seule une couronne en argent avait été déterrée sur un autre site de la Vallée de l'Indus, dans l'état d'Haryana au nord-est de l'Inde. (YH : seulement deux couronnes et toutes deux retrouvées au nord-est de l'Inde, et datées de la fin de cette civilisation : c'est probablement un indice important sur l'Histoire de cette société humaine ancienne...)
" Notre objectif était de procéder à un opération de sauvetage, afin de voir ce qui pouvait être trouvé sur le site autour des restes du squelette " explique Tewari
" La personne portant la couronne a du être un personnage important dans la société " suppose le Dr A.K. Pandey, directeur des fouilles à Chandayan et archéologue principal de l'ASI, " mais on ne sait pas si à cette époque, les gens l'utilisaient comme une couronne ou comme une sorte de casque ", ajoute-t-il. (YH : la forme de cette couronne ou casque est en effet assez étrange, ou incomplète - on sait que le cuivre possède des propriétés magnétiques et /ou isolantes également...).
La couronne en cuivre de 4.000 ans, décorée avec une perle de cornaline et une perle de faïence - The remnants of a 4,000-year-old copper crown found on a skull from the late Indus Valley civilization period found at village of Chandayan, in the northern Indian state of Uttar Pradesh. (A.K. Pandey/Archaeological Survey of India)
Pendant les fouilles, le Dr Pandey a aussi découvert des ossements d'animaux et des marmites de terre cuite, des pots en argile, à la même profondeur que le site funéraire situé à 20 mètres de là. Cela suggère qu'un animal a été sacrifié lors d'une cérémonie funéraire pour la personne dont on a trouvé les restes. " C'était une pratique de cette époque " affirme Pandey.
Une autre pièce métallique de cette même couronne, ainsi qu'un os pelvien et un fémur de la jambe gauche de la personne ont été déterrés, ainsi que 21 pots en terre cuite sur le site funéraire. Une habitation de la même période a été aussi trouvée, à 45 mètres du site funéraire, entourée par un sol compact, des murs de boue séchée et des trous pour des poteaux de clôture. La découverte est importante, car c'est la première fois que l'on trouve les traces d'une habitation de la fin de la Civilisation de l'Indus aussi loin à l'est, augmentant ainsi la superficie connue de cette civilisation.
(A.K. Pandey/Archaeological Survey of India)
Sources : http://www.theepochtimes.com/n3/1173792-4000-year-old-copper-crown-found-in-india/
Wikipedia.fr
Yves Herbo : Avec cette deuxième couronne découverte et concernant la dernière période de l'existence de cette civilisation mystérieusement disparue et oubliée même très longtemps, de nouvelles interrogations se font jour dans les esprits des chercheurs. En effet, la civilisation harappéenne est justement considérée pour l'instant comme une civilisation extrêmement égalitaire, et jusque dans la planification de toutes ses villes : aucun temple ni château ou palais n'y a été découvert. Au contraire, toutes les cités sont construites sur le même modèle très sophistiqué pour l'époque : " la ville est composée de deux grands quartiers : un premier comportant une plate-forme de terre surélevée que les premiers archéologues nommeront la "citadelle" et un second, appelé "cité basse", composé de maisons et de magasins étroitement entremêlés, séparés par un réseau de rues et d'allées, bien définies, suivant un plan précis, de largeurs fixées et en usage dans la quasi-totalité des sites.
Les bâtiments principaux étaient construits en briques, cuites ou crues, d'une forme rigoureusement standardisée. Un système décimal de poids et mesures était utilisé sur toute la superficie de cette civilisation. Les villes les plus peuplées comptaient jusqu'à 30 000 habitants. (au minimum 5 millions d'habitants en tout).
À Harappa, Mohenjo-daro et sur le site de Rakhigarhi, les plus connues et probablement les plus peuplées des villes de cette civilisation, la planification urbaine incluait le premier système au monde de traitement des eaux usées. À l'intérieur des villes, l'eau était tirée de puits. Dans les maisons, une pièce était destinée aux ablutions, les eaux usées étaient dirigées vers des égouts couverts qui longeaient les rues principales. Les maisons ouvraient seulement vers des cours intérieures ou sur des ruelles, se tenant ainsi éloignées des éventuelles mauvaises odeurs et reflux.
Le rôle de la citadelle est encore sujet à débat. Contrairement aux civilisations contemporaines de la Mésopotamie et de l'Égypte, aucune structure de grande taille n'était ici construite, aucune ne semble avoir été un temple ou un palais donc pas de trace matérielle prouvant l'existence de roi, d'armées ou de prêtres. Certaines structures sont cependant identifiées comme des greniers qui signifierait l’existence de surplus agricoles, une raison de cette floraison urbaine.
À Mohenjo-Daro, on a découvert dans la citadelle le « grand bain », une piscine rectangulaire entourée de galeries qui pourrait avoir été un bain public. Deux escaliers symétriques donnent accès à un bassin dont l’étanchéité est assurée par des joints de bitume entre les briques. Bien que la citadelleait été entourée de murs, il ne semble pas qu'elle ait eu un rôle défensif mais plutôt de protection contre les crues. La ville basse est formée de rues régulières orientées nord-sud et est-ouest. Les maisons sont d’une superficie de 50 à 120 m2. Elles possèdent un étage auquel on accède par un escalier intérieur. Certaines sont dotées d’un puits privé, les autres sont approvisionnées en eau par des puits publics. Les maisons sont équipées de salles de bain dont les eaux usées sont évacuées par une rigole en plan incliné qui conduit au caniveau de la rue.
Les différents quartiers de Mohenjo-Daro ont été reconstruit à plusieurs reprises suivant le même plan. À chaque fois, le système de canalisation et d’égout a été réaménagé, ce qui suppose l’existence d’une autorité publique. Pourtant, aucun des bâtiments de Mohenjo-Daro et de Harappa ne peut être considéré comme un temple ou un palais. Aucune trace n’indique avec certitude la prédominance d’une classe de rois ou de prêtres.
La plupart des habitants des villes semblent avoir été des commerçants ou des artisans, vivant ensemble dans des zones bien définies déterminées suivant leur activité. Des matériaux, provenant de régions lointaines, étaient utilisés dans la confection de sceaux, de perles et d'autres objets. Les sceaux comportent des représentations animales, divines et des inscriptions. Quelques-uns d'entre eux étaient utilisés pour faire des sceaux dans l'argile mais ils avaient probablement d'autres emplois. La découverte de sceaux jusqu’en Mésopotamie atteste de l'existence d'un commerce lointain.
Bien que certaines maisons soient plus grandes que d'autres, il ressort de l'observation de ces villes, une impression d'égalitarisme, de vaste société de classe moyenne, toutes les maisons ayant accès à l'eau et au traitement des eaux usées. "
La découverte de ces couronnes pourrait donc signifier que, peu de temps avant la disparition de cette culture (la population ayant probablement migré historiquement vers le Gange), ce peuple s'est doté de rois pour tenter de contrecarrer un bouleversement profond (probablement extérieur ou climatique selon les hypothèses), sans toutefois y réussir...
Yves Herbo Traductions, Sciences, Fictions, Histoires.com, 10-08-2015